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vendredi 31 décembre 2010

HAPPY NEW YEAR !

Bonne année à toi, Ami Lecteur,
Toi qui passes ici par hasard,
Et toi qui viens chaque jour vérifier si je suis encore en vie,
Toi qui m'observes dans ma classe comme un enfant regarde avec amusement sa grenouille dans son aquarium,
Toi qui compatis tout en essuyant ton front du soulagement de n'avoir pas choisi l'enseignement,
Toi qui hallucines tout en dévorant, jour après jour, les anecdotes d'une école qui ne ressemble tellement plus à la tienne,
Toi qui es enseignant, et qui trouves consolation en comparant mes affreux à tes doux élèves dont la plus grande insolence a été de bailler alors que tu racontais la vie de Vercingétorix,

Bonne année à toi, Ami Lecteur.

Qu'elle te soit belle et douce, plus encore que la précédente et moins que la suivante.
Qu'elle t'apporte épanouissement et expériences riches et variées.
Qu'elle te permette de toujours plus te tourner vers les autres, d'être à leur écoute et de recevoir au centuple ce que tu auras donné.
Qu'elle t'amène à t'accomplir dans une humanité sans cesse renouvelée et alimentée du regard des autres.
Et qu'elle te permette de venir ici souvent, déposer tes commentaires enjoués ou goguenards, encourageants ou moqueurs !

Bonne année à toi, Ami Lecteur.

mercredi 22 décembre 2010

OFF

Ami Lecteur, je te vois :
Tu te morfonds.
Si, si... tu veux rester discret, ne pas geindre comme te l'ont appris tes bienveillants parents (never explain, never complain !), relativiser et continuer à bûcher hardiment dans ton austère open space. Mais tu ne peux t'empêcher de te dire que j'ai l'air d'avoir disparu sans même t'avoir laissé un petit message d'au revoir ou de bonnes vacances, voire de bon Noël et d'heureuse nouvelle année...


Et tu as raison.
J'ai survécu à ma dernière semaine.
Malgré l'équipe télé du jeudi après-midi (ah ! une séance d'arts visuels en fin de journée, fin de semaine, sous l'oeil goguenard des caméras, j'adore !). 
Malgré la vidéo sur la préhistoire qui les a tous transformés en australopithèques.
Malgré les inévitables bagarres qui m'obligent à en ceinturer un ou deux par jour et à leur apprendre à respirer pour reprendre le contrôle d'eux-mêmes.
Malgré... non, pardon, grâce à la fête des Internes qui, chaque année, me ramène à la  maison réconciliée avec mes affreux (il faudra que je t'en raconte le principe un de ces quatre... en tous cas, l'équipe télé, présente, était bluffée par les danses, les prouesses, le sérieux de chacun et la bonne humeur de tous !).
Malgré les anniversaires, expédiés en trois secondes et demi tellement le reste a pris du temps (circulaires, cartables, agendas... aaarrrrggghhh !).

Et ensuite, j'ai FUI !
J'ai pédalé comme une dératée jusque chez moi, 
J'ai attrapé mes enfants et mon mari,
J'ai conduit d'une traite jusqu'en Bourgogne avant la neige, où j'ai embrassé ma Mère-Grand,
Le lendemain matin, j'ai réveillé ma troupe à l'aube,
Et je suis arrivée ici, dans les montagnes enneigées où personne ne crie (ou pas pour les mêmes raisons...), 
Personne ne se tape dessus, 
Personne ne fait de caprice, 
Chacun est heureux d'être là où il est pour partager du bon temps... 
Dieu que ça fait du bien !

Du coup, Ami Lecteur, dans le même mouvement de siphon, tu es passé à la trappe ! 
Ça s'appelle faire un break.
Ça ne m'empêche pas de souhaiter que tu passes d'excellentes vacances toi aussi, 
Que ton Noël soit paisible et plein d'Amour (et pas seulement de consommation - cadeaux marketing - boutiques - bouf... pardon pour la morale, j'le ferai plus promis juré !).
Et que ton année à venir soit excellente, meilleure que celle qui vient de passer mais moins bonne que la suivante.
Voilà !
A très vite... 
(je te raconterai peut-être comment hier, en bas d'une piste, je me suis trompée de film et je suis passée des "bronzés font du ski" à "Rodéo à OK Corral" ! Aïe, j'ai mal au cou...).
:o)

jeudi 16 décembre 2010

Mal done !

Ami Lecteur, faut que je te raconte la dernière : En allant déjeuner aujourd'hui, je tombe sur Al, collé un radiateur du hall : un pied nu au chaud, une chaussette en main, une basket fumante...
Je m'étonne, lui rappelant que l'heure du déjeuner approche pour lui, et qu'il va falloir qu'il remette chaussette et basket pour se rendre à la cantine...

- Maaaaiiiii-eeeuuuuu ! Ma chaussette est toute mouillée et ma chaussure aussiiiiiiii !
- ?
- J'peux pas ! C'est tout trempééééééééééééé !
- Mais dis-moi donc (un doute commence à m'envahir là, tout-à-coup...) comment tu as fait pour te mettre dans cet état (lamentable) ???
- Et bah, j'buvais, là, et pis, enfin, j'buvais et...
- Et ton pied est tombé dans les toilettes ? (je suis trop trop forte ! Une fulgurance, comme ça !).
- Oui, c'est ça ! mon pied est tombé dans les toilettes...
- Waou ! Tu étais en train de boire au lavabo, et ton pied, tout seul, sans que tu t'y attendes, il est allé tomber DANS les toilettes ?! Ça, c'est vraiment étonnant, mon bonhomme ! Méfie-toi, hein : y'a de ces pièges, dans cette école ! Ça fait peur, moi j'dis !

Je l'ai laissé se débrouiller, fatiguée d'avance de la suite habituelle à donner à ce genre d'épisode... Il faut dire qu'Al, l'an passé, il a cassé des toilettes (tuyaux décelés et faïence brisée) et grimpant dessus pour escalader la cloison alors... m'étonnerait pas qu'il ait réitéré son exploit, avec une autre chute, ce coup-ci ! :o)

mercredi 15 décembre 2010

A vot' bon coeur, M'sieurs Dames !

Ami Lecteur,

Si tu as du temps à perdre,
Que tu cherches une bonne action en ces temps d'Avent,
Que tu navigues sur internet en cherchant des prétextes à ne pas travailler,
Que tu aimes la jeunesse,
Que tu es philanthrope et que tu as plaisir à encourager les jeunes talents...
Et que si tu veux faire plaisir à ma pitchnoutte,

Sans vouloir te commander,

Va donc sur son blog (que tu connais, vu que j'en ai déjà parlé en octobre)
Et laisse des commentaires partout où tu peux : ça sera un magnifique cadeau de Nowel pour elle !
Et moi, j'en serais ravie !
:o)

lundi 13 décembre 2010

Pffff... fatigue...

Je n'ai pas aimé la semaine passée.
En classe jeudi et vendredi.
Excédée par mes élèves.
En ai jeté un hors de la classe alors qu'il s'apprêtait à en sortir en claquant la porte.
Ai retenu les mains de Sa, agrippées aux cheveux de Nie en l'exhortant à respirer pendant 5 bonnes minutes.
Ai rattrapé Al à bras-le-corps pour qu'il n'aille pas pulvériser une grande CM2 qui s'enfuyait en riant de lui avoir balancé de la glace sur la tête.
Ai retenu Sou qui voulait frapper Ad pour je ne sais plus quelle raison.
Ai rappelé sur le carnet de correspondance au père de Nie qu'il avait promis en octobre d'acheter un nouveau T-shirt à Ad afin de remplacer celui que sa fille avait déchiré à l'époque.
Ai grondé Zo parce qu'une fois de plus, il a frappé un élève qui ne s'était pas poussé assez vite de son passage... il n'a pas compris pourquoi je m'en prenais à lui...
Ai houspillé Zo pour qu'il copie ses devoirs (1h30 pour copier 5 lignes) mais surtout ai fini par lui envoyer une "chiquette" -comme ils disent- à l'arrière du crâne. Geste mal calculé. Pas calculé du tout d'ailleurs, mais signe que j'ai passé une limite qui me soucie.

Ai senti l'émotion, la fatigue, le raz-le-bol me remonter à la gorge au point que Madirlo, attentive, m'a envoyée en pose et a pris ma classe au pied levé, avec ordre de ne revenir qu'une fois un café avalé au calme.
C'est la première fois en 19 ans. Et pourtant, j'en ai eu, de drôles de classes.
Il faut croire que celle-ci est très spéciale.
D'ailleurs, Môssieurl'Inspecteur me l'a dit : il n'a croisé ce genre de public qu'en ZEP profonde...
...

Je ne veux pas glisser sur cette pente facile du découragement, de la crispation, des cris et des punitions qui volent : ça ne marche pas, c'est contre-productif. Je le sais, depuis le temps.
J'ai juste besoin de me souvenir dans quel état d'esprit j'étais en début d'année : se rappeler leurs souffrances, leurs blessures et réagir en professionnelle. Bâtir sur de petites victoires, pas à pas, marche après marche. Ne soulever que le coin du tapis...
...
Les vacances seront les bienvenues !
A part ça, tout va bien !
Et comme dirait l'autre :
Ce qui ne vous tue pas vous fait grandir !
:o)

lundi 6 décembre 2010

sing, sang, song !

L'autre soir, Ami Lecteur, je suis rentrée un peu tard et j'ai été accueillie par mes deux filles, 9 et 13 ans. Elles voulaient me faire entendre leur création artistique. Elles avaient sélectionné un air de guitare sur le CD d'accompagnement de Malouloute et avaient inventé une chanson dessus.

En voici les paroles :


Je me sens belle,
Tu te sens bien.
Il faut crier sa liberté bien aimée.

Je me sens belle,
Tu te sens bien.
Il faut penser, réaliser.

Je suis douée, douée !
Je veux chanter, jouer !
Je suis chanceuse, chanceuse...

Moi, je dis que ces filles-là, elles ont l'air bien dans leurs baskets, et ça, ça fait du bien à mon coeur de 'tite mère overbookée ! :o)

vendredi 3 décembre 2010

It's done !

Bon, voilà, ça, c'est fait !
Quoi ? Ne me fais pas croire, Ami Lecteur, que tu es derrière ton écran à piaffer d'impatience depuis 16h30, dans l'attente fiévreuse du récit endiablé de mon inspection ?! Si ?
Excuse alors mon manque de rapidité à te satisfaire. C'est que, vois-tu, la journée a été un peu longue :
8h30 tapante, Monsieur l'Inspecteur dans ma classe jusqu'à 10h20.
Puis entretien jusqu'à 10h45.
Puis fin de la matinée tendue avec la classe (je te raconterai après, tu permets !).
Puis déjeuner au lance-pierre car sortie à la Mairie du coin pour aller recevoir des mains de Monsieur l'Adjoint au Maire et Monsieur le Commissaire du quartier le permis piéton gagné de haute lutte quelques jours plus tôt.
Puis retour à l'école et marché de Noël jusqu'à 18h...
D'où mon léger manque d'allant et mon besoin pressant de repos et de détente auprès des miens.
...
Tu m'en veux ?
...
Bon.
Je ne sais pas si je ferai un descriptif détaillé de la dite visite institutionnelle.
Sache cependant que mes charmants élèves ont été odieux. Les usuels, plus quelques autres habituellement civils, pour faire bonne mesure.
J'ai respiré avec le ventre, j'ai fait faire des mouvements de relaxation qui m'ont servi plus à moi qu'à eux, j'ai chuchoté quelques menaces bien senties à l'oreille de certains, j'ai même envoyé mon olibrius spécialiste des scandales publics chez Madirlo, sous prétexte de lui faire porter un message important : sur le papier qu'il avait en main, je la priais de garder le bonhomme quelques instants par devers elle, afin que je ne meure pas avant la fin de l'heure... je ne l'ai vu reparaître qu'après le départ de MonVisiteur, qui ne s'est même pas aperçu du départ de l'affreux :o)...

Lorsque j'ai refermé la porte sur mon dernier élève, la récréation sonnée, Il m'a regardée en souriant et m'a dit : "Eh bien, c'est sportif ici !"
Il avait été brieffé par Madirlo, qui lui avait raconté :
1/ Combien j'étais exceptionnelle (...).
2/ Combien cette classe était particulière, difficile, épuisante.
Sans rentrer dans le menu de ce qui s'est dit au cours de cet échange, très formateur par ailleurs, je ne relèverais qu'une phrase de mon interlocuteur :
"A votre place, je ne sais pas si j'aurais fait comme vous, mais je sais que je n'aurais pas fait mieux !"
...
Quoi je frime ?
Quoi j'ai les chevilles qui enflent ?
Quoi je ne rentre plus dans mon casque à vélo ?
Moi, je dis seulement qu'avec une classe pareille, quelques petits dopants de temps à autres sont les bienvenus !
Il revient quand il veut, l'Inspecteur. Voilà !
:o)

mercredi 1 décembre 2010

...

Demain, J - 1.
Gonflée à bloc !
Plus j'en fais... plus j'en fais !
Moi, je dis que les inspections, ça vous donne un coup de booster, que c'est pas si mal !
Olé !

(y'a trop de points d'exclamation dans ce micro-texte... tu crois que je vais dormir cette nuit ?)
:o)

dimanche 28 novembre 2010

Récré

Ami Lecteur, tu commences à me connaître. Tu sais comme je suis partageuse. Alors voilà, quand j'ai reçu ce jour un mail récréatif d'une amie qui se plait à envoyer des blagues comme on jette des bouteilles à la mer, j'ai tout de suite pensé à toi. On dit merci qui ???

"Un jour, une petite fille demande à sa mère :


Dis maman, comment ils sont nés les tout-premiers parents ?" "He bien, lui répond sa maman, c'est Dieu qui a créé les premiers parents humains, Adam et Eve. Adam et Eve ont eu des enfants qui plus tard sont devenus parents à leur tour et ainsi de suite. C'est ainsi que s'est formée la famille humaine.

Deux jours plus tard, la fillette pose la même question à son père.

Celui-ci lui répond : "Tu vois, il y a des millions d'années, les singes ont évolué lentement jusqu'à devenir les êtres humains que nous sommes aujourd'hui."

La petite fille toute perplexe retourne aussitôt voir sa mère :
Maman! Comment c'est possible que tu me dises que les premiers parents ont été créés par Dieu et que papa me dise que c'était des singes qui ont évolué ?

La mère lui répond avec un sourire : "C'est très simple ma chérie. Moi je t'ai parlé de ma famille et ton père te parlait de la sienne."

:oD

samedi 27 novembre 2010

Snow day

Salut Ami Lecteur.
Je m'arrache un instant à mon labeur infernal pour me te procurer une petite récréation bien méritée. J'espère que tu apprécies.

Que je t'explique ce qui me fait venir en ces lieux : le vendredi après-midi, dans mon école, a une saveur particulière. C'est le dernier round avant que les enfants internes ne rentrent chez eux. Ils n'ont pas vu leurs parents de la semaine entière. Nous non plus. C'est donc un moment chargé : il faut ranger, noter les devoirs pour les jours à venir, coller les mots, faire le cartable qui sera le seul lien entre l'école et les familles. Si tu oublies de donner une information, de glisser un document dans la pochette de liaison, tu es bon pour un nouveau tour : il faut attendre le week-end suivant pour rattraper le coup ! Et c'est parfois trop tard...

D'où une certaine tension de la part de l'enseignante -moi- et une grande excitation du côté des enfants.
C'est simple, cette année, je n'arrive à rien prévoir sur la tranche 15h30/16h15... Au mieux, je termine avec un moment de "lecture cadeau" : un livre que je leur lis en épisodes et qui permet, quand on a le temps de le faire, de terminer la journée dans un semblant de sérénité.

Tu saisis le tableau ?

Seulement vendredi, vers 15h50, alors que certains devaient encore finir des évaluations en souffrance, que d'autres notaient leurs devoirs avec nonchalance et que les derniers rongeaient leurs freins, impatients de sortir, je me suis sentie trahie par Mère Nature. En douce, sans  me prévenir au préalable, et dans mon dos qui plus est, Elle a ourdi un complot visant à me faire mourir d'apoplexie avant l'heure fatidique de la sortie des classe : IL S'EST MIS A NEIGER ! Et pas qu'un peu : de gros flocons serrés et duveteux à souhait...

"Oh, maîtresse ! Il neige ! Il neige !
Oh ! C'est beau ! V'nez voir !"

Et voilà quinze gamins surexcités déjà collés aux fenêtres pour mieux voir le miracle de l'hiver s'accomplir une fois de plus...
J'aurais pu m'arrêter un instant, regarder avec eux, retrouver ma joie d'enfant, m'extasier à mon tour...
Sauf que...
Sauf qu'avec cette classe, j'en arrive à oublier que c'est possible.
Le moindre relâchement donne lieu à des débordements sans fins.
Tout est prétexte pour échapper à la règle, au devoir, à l'astreinte...
Alors j'ai commencé à baisser un store pour nous couper du monde féerique de dehors.
Pour qu'ils finissent de boucler la semaine.
Pour qu'à 16h15, ils puissent repartir dans leur famille équipés pour le week-end.
Je n'ai pas eu à baisser le second store. Ils ont compris.
...
Mais je regrette d'avoir manqué l'occasion de me réjouir avec eux.


lundi 22 novembre 2010

Pourquoi j'aime cette école, malgré un public d'enfants chronophage et énergivore ?
Entre autres, à cause de ce genre de mails, qu'on reçoit à la volée, entre la vaisselle et les corrections :

"Ma très chère Mistinguette,

Bon, peut-être que je fais de la psychologie à 2 balles mais juste pour te dire que je t’accompagne à fond pour cette inspection et que de tout cœur je suis avec toi. En ces temps difficiles où l’élève gentil, respectueux et enthousiaste se fait rare, où le fouet est de rigueur, où les maux/mots fusent de toute part, notre métier reste le plus beau métier du monde (ensuite vient le plus vieux métier du monde mais ça nous en discuterons une autre fois !).

Bon bref, tes plaisanteries me manquent, ton rire aussi, tes mails colorés d’anecdotes, ta voix africaine, il ne faudrait pas que cet inspecteur « te grignote le cerveau » et que la tonne de choses à faire dans ta vie quotidienne ne prenne le dessus !


Alors tiens bon MA MISTINGUEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEETTE………………………

Et reviens nous vite comme avant !!!
Bises
Tamoitié qui rigole plus et qu’est devenue super sérieuse !!!"

C'est pas extraordinaire, ça, ma bonne dame ?
Moi, ça me tient debout. :o)

dimanche 21 novembre 2010

Brève

J'ai déjeuné avec un adolescent de 17 ans, il y a peu et j'ai attrapé ça au vol dans la conversation :
"Ma soeur, qui est pourtant dotée d'un cerveau, a la capacité extraordinaire d'être partout à la fois, mais rarement dans sa boîte crânienne".
Aaah ! La faculté acide et tranchante de cet âge à juger les autres membres de la famille avec humour et dérision !
:o)
Je pense que, chez nous, "on" ne va pas tarder à pratiquer ce sport...

vendredi 19 novembre 2010

Questions existentielles...

Malouloute (presque 9 ans), pendant le dîner, profitant d'un blanc dans la conversation :
- Maman ! Pourquoi les pommes ne sont pas des bananes et pourquoi les princesses ne sont pas des gorilles ?
-... Euh... J'ai un joker ?"

dimanche 14 novembre 2010

Allez-y...

En attendant que j'écrive un nouvel article ici, vous pouvez toujours aller voir là : ma fillotte propose un nouveau livre aux jeunes lecteurs...
(Pub familiale !)

vendredi 12 novembre 2010

Appel au peuple

Hello, les gens !
Je suis en train de formaliser notre projet d'école qui traite du temps qui passe par le biais d'oeuvres plastiques.
Vous auriez des idées de tableaux sur ce sujet (à part les montres molles de Dali et les saisons d'Arcimboldo) ?
Merci, les amis !
:o)

Inspection - 1

Allez, comme c'est d'actualité, je vais te raconter quelques souvenirs d'inspections passées.
Oui, je sais, quand on n'est pas du métier, ça n'a que peu d'intérêt. Mais pour les membres de ce grand corps, c'est le sel de la vie ! L'émotion suprême ! Le récit qu'on en fait s'enrichit d'année en année de détails nouveaux et participe à la grande Histoire de l'Humanité enseignante !
Chaque nouveau, lorsqu'il se fait inspecter pour la première fois, a droit aux épopées variées de tous les autres. Comme lorsqu'une jeune-femme est enceinte : toutes ses copines ne résistent pas à lui raconter leurs histoires d'accouchement... effrayantes, inquiétantes, nauséabondes : y avoir survécu fait leur gloire. Tant mieux pis si leur interlocutrice verdit en face.

Ma première inspection à moi, elle a eu lieu ma toute première année d'enseignement. A l'annonce de la visite  tant redoutée, l'équipe est entrée en effervescence : et que je te raconte mes horreurs, et que je te détaille le caractère épouvantable de l'inspectrice citée... J'en ai entendu de toutes les couleurs.
Peu de temps avant le jour fatidique, j'ai annoncé à ma classe de CM2 cet événement particulier :
"Les enfants, vendredi prochain, une dame dont c'est le métier, on dit une Inspectrice, va venir dans notre classe pour voir comment on travaille ensemble."
Remarque la subtilité : je ne dis pas qu'il vient ME voir, je dis qu'il vient NOUS voir, histoire de mettre un peu la pression sur les affreux ; on est tous dans la même galère, hein !
"Elle va regarder nos cahiers ???
- Elle va nous poser des questions ???
- Et qu'est-ce qu'on fait si on ne sait pas répondre ???
- Et qu'est-ce qu'elle va dire quand il verra mes mauvaises notes ???
- Elle va parler à nos parents ???
- C'est elle qui dit si on pourra passer en 6ème ???"

Devant le flot de questions angoissées, je n'ai pu qu'être absolument honnête. Qu'est-ce que vous voulez, j'arrive pas à raconter des carabistouilles !
" OOOoooooooh ! On se calme ! Ce n'est pas vous qu'il vient voir, c'est moi. Quand on est enseignant, on est inspecté régulièrement pour voir si on répond correctement aux exigences du Ministre de l'Enseignement.
- Et elle vous met une note ?
- Oui, elle me met une note qui augmente petit à petit au fil des années... Bref, vous, vous n'avez qu'à être comme d'habitude, faire votre travail, répondre quand je vous interroge, être sages et polis et ça sera parfait."

La veille, j'ai donné du travail pour le lendemain : revoir une leçon de numération sur les fractions et faire un petit exercice d'entraînement pour vérifier si c'est bien compris.

Arrive la Dame. Elle s'installe et je poursuis le cours commencé, sur les fractions, donc.
Au bout de la phase d'investigation, je leur demande de prendre leur cahier d'entraînement pour faire un ou deux exercices dont je donne les références.
"Mais ! On les a déjà fait !
- Ah bon ? Et bien faites les deux suivants, alors...
- On les a fait aussi !
- Et les suivants ?
- Aussi !
- Comment cela se fait-il (petit instant de solitude - je suis hallucinée et craint que Madame l'Inspectrice n'aille imaginer que je refais une leçon déjà faite en avant-première !).
- Bah, tu nous as dit de réviser les fractions pour aujourd'hui, alors nous, on a fait tous les exercices du livre pour être sûrs !
- ........... Bien bien bien, je vais donc vous inventer un exercice spécialement pour aujourd'hui, ce qui ne vous posera certainement aucun problème, puisque vous avez si bien travaillé !"

La matinée s'est extrêmement bien passée. Les agités ont été sages comme des images ; les distraits, attentifs ; les dormeurs, éveillés : que du bonheur.
Madame l'Inspectrice m'a fait des commentaires peu formateurs (je crois qu'elle ne connaissait pas grand chose au cycle III, plutôt spécialisée en maternelle où elle prenait plaisir à traumatiser les enseignantes qui sortaient de l'entretien en larmes). Mais elle m'a mis une excellente note. Je reste d'ailleurs persuadée qu'elle a noté les élèves plutôt que moi : des enfants si sages et si travailleurs !
La première chose que m'ont demandée mes élèves au cours suivant a bien évidemment été : "T'as eu combien ?"

Bon, après on m'a expliqué que ça n'était pas super d'avoir une si bonne note dès le début, parce que ça ralentirait ma progression par la suite (!). Mais bon. Rin-nafout' hein.
C'est fait, c'est fait, et bien fait ! Là !
:oD

mercredi 10 novembre 2010

IIIIIIIIIIIIIIIIIIIHOWWW !

Devine, Ami Lecteur.
Devine l'immense joie, l'insigne honneur qui me frappe cette année.
Un événement qui te tombe dessus comme le gros lot d'une tombola surprise.
Une rencontre que tu prépares mieux que ton propre mariage.
Une faille dans le continuum spatio-temporel.
Une heure à part dans la vie d'une classe enseignante.
...
...
Tu vois ce dont je parle ?
...
...
Et oui.
Cette année, le sors en a décidé ainsi, je suis INSPECTÉE !
Le 3 décembre très exactement.
J'attends avec impatience de voir la tête de Monsieur l'Inspecteur en face de mes zozos dingos...

Et, s'il te plaît, évite de crier de joie derrière ton clavier en t'excitant à l'avance du récit haut en couleur que je t'en ferai : il s'agit d'une affaire sérieuse ! Diable !
...
On rigolera après !
:o)

lundi 8 novembre 2010

But !

Al m'a demandé chaque jour depuis notre retour de voyage de classe si on pouvait avoir un nouveau ballon de foot, comme les autres classes.
En effet, Madirlo est passée dans chaque niveau pendant notre absence et a offert une nouvelle balle de mousse, un ballon pour l'année entière.

J'ai envoyé Al voir Madirlo pour lui demander si nous pouvions avoir le nôtre. Dix fois, il n'a pas pu l'approcher : en rendez-vous, occupée, absente, pas le temps... Enfin, elle a été disponible et a immédiatement répondu favorablement à la demande. Un matin, elle est donc venue dans notre classe avec une balle toute neuve sur laquelle elle avait soigneusement marqué CE2 sur toutes les faces afin que d'autres élèves ne se l'approprient pas.
Elle a longuement expliqué le soin qu'il fallait prendre pour renouveler ces marques après usure. Et les conditions pour que le jeu se fasse dans un esprit d'équipe et de camaraderie. Et elle a remercié Al pour sa persévérance.

Arrive la première récréation : les garçons se précipitent dehors avec le ballon - tu penses bien ! Quelques élèves sont restés en classe pour finir un travail ou profiter de quelques minutes avec la maîtresse pour eux tout seuls. La porte donnant sur la cour est ouverte et me permet de jeter un oeil dehors tout en surveillant mes lambins. C'est alors que surgit un groupe de garçons, une tornade devrais-je dire, poussant-traînant un Kali hors de lui qui tape, griffe, crie et hoquette tant qu'il peut.

J'attrape Kali, l'arrache à la foule malveillante et le ceinture comme je peux pour qu'il arrête, qu'il se calme et surtout qu'il ne reparte pas se jeter sur les autres pour les réduire en poussière. C'est que Kali, il est petit, mais il est costaud. En fait, il ressemble comme deux gouttes d'eau à Kirikou. Je le tiens serré tout contre moi et lui passe doucement la main en cercle sur le ventre et la poitrine.
Je l'enveloppe. Je l'enserre. Je le contiens. Je l'apaise.

Respire, Kali, respire.
Doucement, làààà.
Sens ta respiration jusque dans ton ventre...
ffffffffff 
ffffffffff
Je te lâcherai quand tu auras réussi à te calmer.
Après on parlera de ce qui s'est passé.
Tu veux un câlinoux ? Non ?
Allez, respire. On s'occupera du reste après.
Lààààà.
Ça va mieux ?
Tu peux raconter maintenant ?

Voilà.
Il lui a fallu bien cinq minutes pleines pour calmer ses pleurs et sa rage et parvenir à articuler son histoire : Il a fait le malin au foot, et quand enfin il a tiré, rigolard, il a envoyé la balle au-delà du mur, au-dessus du grillage, dans la cour de l'immeuble d'à côté. Celle à laquelle on n'a pas accès. Celle d'où on ne renvoie presque jamais les ballons égarés.
Il n'a pas fait exprès. Évidemment.
Mais les autres n'ont pas supporté : ils l'ont amené à la maîtresse pour qu'elle le crucifie.
Sauf que ce n'est pas dans ses manières.

Kali est ensuite allé se cacher derrière mon bureau. Personne ne l'a vu, lorsque les enfants ont regagné la classe après la récréation. Nous avons parlé ensemble et tous les CE2 sont tombés d'accord pour dire que le geste de Kali était parfaitement involontaire, et que n'importe lequel des footballeurs en herbe aurait pu être à sa place...
Il n'est sorti de son trou qu'une fois les autres partis. Il a copié ses devoirs, rangé ses affaires et il est sorti le coeur léger : la charge avait été levée de ses épaules.
Fin de ma courte semaine.

samedi 6 novembre 2010

Brève...

Désolée pour ce silence prolongé - stop -
Suis en brasse coulée - stop -
Me suis plongée dans la réalisation de matériel de TP (travail personnalisé / Montessori / Père Faure, pour les connaisseurs) - ça m'a bouffé mes vacances entières - stop -
Plus mari pied cassé - stop -
Plus classe toujours sympathique et  très difficile - stop -
Plus tournage dans notre classe pour reportage TV sur l'année entière - AAAARRGGGHHH ! J'AI PEUR ! - stop -
Plus tout le reste que je gère tant bien que mal - stop -
Vais faire mon possible pour revenir ici très vite - stop -
Merci de patienter !
...
Stop !

dimanche 24 octobre 2010

Halte aux poux !

Ami Lecteur,
La guerre est déclenchée !
Mais l'ennemi est rétif.
Il résiste.
Nous ne perdons pas espoir.
Envoie nous des colis et des mitaines tricotées avec amour : il fait froid dans les tranchées.
Deuxième offensive ce matin.
La victoire est proche.
...
AARRGGHHH !

PS : si tu cliques sur le titre de cet article, tu arrives sur une page entièrement dédiée aux albums littérature de jeunesse / maternelle dont c'est le sujet central ! :o)

jeudi 21 octobre 2010

C'est cadeau !

Dis, Ami Lecteur, devine ce que j'ai rapporté de mon voyage de classe...
Des noix fraiches ?
Nooooooooooon, je les ai mangées sur place, mais j'ai oublié d'en faire provision.
Des champignons ?
Nooooooooooon, j'aurais eu peur de les abimer, voire de m'empoisonner.
Des chataignes sauvages ?
Nooooooooooon, idem que pour les noix.
Les poissons, fruits de notre pèche ?
Nooooooooooon : on n'en a attrapé que deux qui tournaient de l'oeil après avoir été observés/tripotés par environ 40 petits citadins ébahis.
Des bons souvenirs ?
Nooooooooooon... Oups ! Si, j'veux dire SI, évidemment. Mais disons que ça n'est pas à ça que je pensais.
Alors ?
ALORS ?
Tu donnes ta langue au chat ?
Essaye encore...

mercredi 20 octobre 2010

Les bons mots

Quelques trouvailles pendant notre séjour :

Al est déjà venu dans le domaine lorsqu'il était en CP. Il est fier de m'expliquer :
- Maîkresse, regarde le poney là : il s'appelle Grenadine, et quand il fait pipi, on a de la grenadine au goûter.
- Mais non, Al, voyons, ne dis pas de bêtises.
- Si, j'te jure, c'est même Bernard qui nous l'a dit !
[ Bernard, juste à ce moment là : "je vous présente Grenadine. Quand elle fait pipi, y'a de la grenadine au goûter !"]
- Ha ! Tu vois ! J'te l'avais bien dit !
- Euh... comment te dire... c'est une blague !

Nous avons ramassé des champignons. Durant la collecte, l'animateur a déjà expliqué quelques notions de mycologie.
De retour dans la salle nature, il demande aux enfants de récapituler les différents types de champignons.
- Il y a ceux en forme de trompette !
- Ouiii...
- Il y a ceux qui sont arrondis avec des tubes !
- Ouiiii...
- Il y a ceux qui sont arrondis à mamelles !
- ...
- A mamelles !
- Non, à Lamelles ! 
Je ne sais pas vous, mais moi, je les ai tout de suite imaginés, les champignons à mamelles...

Nous avons fait une sortie nocturne pour affronter nos peurs et écouter hululer le couple de chouettes locales. Lesquelles ?
Les Chouettes Culottes, bien sûr ! (Hulottes, voyons...).

Nous avons été observer la traite des vaches et goûter le lait direct du producteur au consommateur.
- Maîkresse, comment on fait pour reconnaître les femelles et les mâles ?
- Bah, en fait, les mâles, ils ne font pas de lait, vois-tu : ici, il n'y a pas de taureaux. Seulement des vaches. Des femelles, quoi !
- Et le lait, c'est le pipi de la vache ?
(Ça, je suis sûre que c'est la suite de cette histoire de grenadine !).
- Et la maman, quand elle allaite son bébé, elle lui donne son pipi ??? Répond la maîtresse hallucinée !

mardi 19 octobre 2010

Récit de voyage

Un voyage de classe, c'est bien parce que :
Quand Sa se fâche tout rouge et qu'elle part d'un pas rageur dans la forêt, toi, tu la laisses faire : elle finiras bien par revenir, la forêt aura raison d'elle !
Quand Zozo fait l'andouille et n'écoute pas les consignes lui enjoignant de tenir sa monture d'une main légère mais ferme, c'est le poney qui le rappelle à l'ordre et lui donne des coups de tête à toute occasion.
Quand Ad pousse violemment Ma qui s'étale de tout son long, c'est le moniteur d'équitation qui le renverse au sol, le relève par les oreilles et lui explique sa façon de voir la vie.
Quand Ow cavale dans tous les sens et met le bazar dans les chambres, c'est l'animateur qui le colle dans la chambre F, la chambre où on est tout feul très loin tout là-bas.
Quand Ham pique une colère et décide de tout plaquer pour bouder dans un coin, tu peux lui proposer tous les arbres du bois pour cuver sa bile tranquille.
Quand Jorja et Sa se battent pendant la traite des vaches, c'est le fermier qui les sort manu militari.

En clair, tu m'auras compris, Ami Lecteur : Un voyage de classe, c'est le pied. Pas parce que nos élèves se sont miraculeusement transformés : faut pas rêver. Y'a encore du boulot. Mais parce qu'on peut largement profiter de l'espace et de la variété des intervenants. Et ça, c'est déjà ÉNORME !

lundi 18 octobre 2010

Hapiburzdè

Anniversaire d'HelenAmi Lecteur, avant de te narrer mes folles aventures de voyage de classe, faut que je te raconte un truc (petit clein d'oeil à Bellzouzou en passant).

Comme tu as pu le remarquer, mon anniversaire est tombé pendant mon absence. Le 13, très exactement. Une foule de gens m'a laissé des messages de vie éternelle et de bonheur longue durée. Et les enfants ont tous chanté hapiburzdè au petit déjeuner.
Inévitablement, ils m'ont demandé quel âge j'avais. J'ai alors fait un sondage parmi les curieux : certains me donnaient 22 ans, quand d'autres optaient plutôt pour 72... Soit.

J'ai fini par leur avouer que j'avais 43 ans. ("43 ans ! Oh ! Ma mère, elle est plus jeune/vieille que toi !"). Puis je suis rentrée chez moi. J'ai retrouvé mes lardons et mon mari. Et nous avons dignement fêté l'événement. 4 grosses bougies pour les dizaines, et trois petites pour les unités (on va quand même pas en mettre 43, hein ! Faut pas pousser !).

Et puis ma soeur m'a appelée, dimanche. Elle avait oublié de le faire le jour même et se rattrapait en urgence avant qu'il ne soit vraiment trop tard. Et moi de lui dire : 
- 43 ans, c'est quelque chose, hein ! Dingue non ?
- 43 ? Comment ça 43 ? C'est pas possible : j'en ai eu 45 en septembre, Not'frère vient tout juste d'avoir 44 ans... Toi, c'est 42 !
- 42 ans ??? Mais ça fait déjà un an que j'ai 42 ans ! T'es sûre ???
- Bah, oui enfin ! Atterris !
- Alors, je suis née en 68... jusqu'à 2010 ça fait... ah oui ! Ça alors ! J'ai 42 ans ! Quel cadeau d'anniversaire inoui : tu m'as offert un an de vie supplémentaire ! Hahaha !!!
...
Oui, je sais, un voyage de classe, ça fatigue...
Mais bon.
J'ai perdu le compte.
Remarque, c'est peut-être aussi bien comme ça.
La question est : faut-il que je retouche les photos de mon gâteau sur photo*shop pour effacer la bougie en trop ? Faut-il la laisser sous prétexte que j'entre dans ma 43ème année ? Ou faut-il que je refête cet anniv. de 42 ans que, finalement, je n'ai pas célébré comme il se doit ?
:o)

jeudi 7 octobre 2010

Crevée !

Ce matin, Ami Lecteur, Sa se dispute en classe avec Sou. Je la change de place, comme promis après sa colère de la veille et la discussion qui s'en est suivie (je ne te raconte pas : il y a tellement à dire avec ces élèves que je passerais plus de temps sur ce blog qu'en classe !).
A son nouvel emplacement, elle se met à glousser à n'en plus finir. Je me fâche, lui somme de se calmer et exige qu'elle acquiesce à haute et intelligible voix (faut dire, j'ai de ces exigences aussi, hein !). M'mselle Sa, ça la défrise, ce genre de diktat. Alors elle se lève, parcourt le chemin qui la sépare de la porte en tapant des pieds rageusement et sort en claquant la porte. Comme la veille.
Elle fera le reste du travail sur un bureau à l'extérieur de la classe.

Après la récréation du matin, elle entre en classe avec les autres. Je lui signifie que je ne l'accepterai pas en cours si elle ne s'engage pas à ne plus sortir en claquant la porte (pitié pour mes nerfs !). Elle pince la bouche, piquée dans sa dignité bafouée, et ne professe pas un mot. Je l'envoie donc faire son travail chez Madirlo, qui commence à bien connaître les CE2... nous travaillons en étroite collaboration !

Aprèm. : anglais avec Not'profdanglais, tout va bien.

Arrive la récréation. Tout un groupe de CE2 s'en prend à Sa : elle a voulu écraser une guêpe, pauv'bête ! Tous les autres se sont mis à  la vilipender : Comment ? Elle tue une petite bête sans défense ! Il faut respecter l'environnement ! C'est MAL !!!
J'arrive sur les lieux du crime et houspille le groupe : c'est se mettre à plusieurs contre une qui est mal ! Insupportable même !

Les affreux s'éparpillent. Sa vient vers moi, colère encore. Elle exprime fortement son mécontentement contre la terre entière qui la place systématiquement en position de victime. Je l'arrête : j'ai traité le problème. J'ai pris sa défense. Je souhaiterais qu'elle ne soit pas en guerre constante contre tous et chacun. Elle prend la mouche (pas la guêpe... faut suivre !), tourne les talons et... se carapate dans le jardin qui jouxte la cour.

Or, Ami Lecteur, tu sais que l'accès à ce jardin est strictement réglementé ! Elle serait partie à l'autre bout de la cour, ça ne m'aurait pas posé de problème. Mais dans le jardin, non. Surtout qu'elle poursuit tout aussi rageusement malgré mes appels répétés et insistants (je peux avoir une GROSSE VOIX malgré mon physique frêle et avenant !).

Alors je la suis à grands pas et l'attrape par le bras. Et là... LA ! Bataille, lutte, catch, interville ! Elle se débat, la bougre, avec une vigueur ! Et moi qui avais mis mes chaussures à talons toutes neuves ! Des babies en daim noir... Dans la terre humide du jardin... avec Sa qui me marche dessus à qui mieux mieux ! C'est que je n'arrivais même pas à la maîtriser, la fillotte !
Heureusement, Lamaîtressed'aide, alertée par mes injonctions et les cris de la demoiselle, est venue me prêter main forte.

Il a fallu qu'on rassemble nos forces pour réussir à tracter Sa jusqu'au bureau de Madirlo, dans lequel elle a mis une bonne heure à se calmer suffisamment pour s'asseoir puis parler !
J'en avais les mains et les jambes qui tremblaient d'épuisement !

Pourtant, quand j'ai fait du CM2 (pendant 17 ans quand même...), il m'est arrivé de résister physiquement à des élèves plus grands et plus lourds que moi... Mais je m'en suis toujours sortie toute seule, et jamais au prix d'un tel effort !

A 16h15, elle est venue s'excuser. Nous avons longuement discuté : sur le fait que je prenais du temps pour elle, parce que je l'aimais beaucoup et que je ne voulais pas qu'elle reste si malheureuse. Parce que ce n'était pas elle que j'avais traîné dans le jardin, mais sa colère. Une énorme, lourde et éreintante colère. Que cette colère agissait à sa place, prenait le pouvoir sur sa vie et la privait de sa liberté de décision. Et que peut-être, on pourrait trouver quelqu'un avec qui Sa pourrait parler, qui lui permettrait de comprendre d'où venait cette colère et comme la mâter.

Elle était d'accord, une petite larme au coin de l'oeil.
Nous avons convenu que, pour notre dernière journée de classe "normale" avant le départ en voyage (J-3), elle pourrait arrêter de travailler en cas de contrariété, mettre la tête dans ses bras, mais NE SORTIRAIT PAS DE LA CLASSE EN CLAQUANT LA PORTE ! (mes nerfs !)

J'suis crevée, moi !

mardi 5 octobre 2010

La relève est assurée !

Dis donc, Ami Lecteur ! Tu ne sais pas la meilleure ?
Ma fillotte Madounette prend la digne suite de sa marraine (elle) et de sa mère (moi !) : elle a créé son propre blog !
Bon, pour l'instant, c'est en rodage. Mais je suis sûre qu'elle va assurer à donf !
Si tu veux y aller faire un tour, c'est ici.
Et laisse donc un comm. ou deux, pour changer : ça lui fera un tel plaisir ! Mieux qu'à Noël quand elle ouvre les cadeaux. Et pour toi, c'est quoi ? Trois minutes de perdues ?
Le rapport temps/bonheur est optimal : n'hésite pas !

lundi 4 octobre 2010

Le temps passe...

Il y a 14 ans, nous nous installions dans notre Belle Maison.
J'avais le p'tit à la mamelle, emmailloté dans un châle : tous ses vêtements étaient dans des cartons et, lors de l'état des lieux de l'appartement que nous quittions, il avait eu un "petit accident" qui m'avait obligée à le déshabiller totalement. J'avais bien prévu une couche au cas où, mais pas la panoplie totale !

La Belle Maison n'était pas tout-à-fait finie : pas de téléphone, pas de chauffage (un ou deux radiateurs électriques empruntés au chantier), pas d'eau chaude... tout juste des plaques électriques, un frigidaire et l'eau courante. Mais qu'est-ce qu'on était bien ! Chez nous, avec un bébé tout neuf !
Je chauffais l'eau du bain de Fiston dans une casserole que je montais de la cuisine à la salle de bain. A l'ancienne.

Il y a 14 ans, je découvrais le quartier, son marché accueillant, ses commerçants, ses petites rues. Avec mon bébé sous le bras.
Il y a 14 ans...
Aujourd'hui, Monfiston est devenu un grand gars. Il est beau. Il est gentil. Il est sympatique. Il est drôle. Il est sensible. Et aussi casse-pied quelquefois.
...
Que le temps passe vite !

dimanche 26 septembre 2010

Héhé !

...Et mi-octobre, qu'est-ce qu'on a prévu de faire, avec cette classe d'adorables bambins ?
Histoire de les souder un peu ?
De développer un esprit de corps ?
De découvrir la solidarité dans l'épreuve ?
De forger une histoire commune ?
...Devine, Ami Lecteur !
Rien ne nous fait peur !
:o)

Chronique d'une journée ordinaire - fin

14h10 : Je sors du bureau de Madirlo et je suis en retard. Je fais rentrer les élèves rapidement en classe et les mets au travail. La première partie de l'après-midi se passe à peu près dans de bonnes conditions. Mo est en classe mais il reste gérable. Je cornaque Zozo pour qu'il sorte ses affaires et copie sa leçon en même temps que les autres... ou à peu près. J'arrive à enfin faire le premier cour d'histoire de l'année, sans cesse reporté par manque de temps !
Mo, que je reprends parce qu'il compulse son classeur personnel de cartes à jouer me répond "Oui, oui, attends ! Je regarde juste un truc..."
Oui, mais bon, justement, je ne suis pas disposée à attendre ! J'insiste (c'est bête, hein, comme je peux être têtue quelques fois !) et il finit par s'exécuter en m'insultant dans sa barbe, mais suffisamment fort pour que je l'entende.
Vaille que vaille, on va jusqu'à la recréation. Pas de chance : il pleut à verse !

Que je t'explique, Ami Lecteur : quand il pleut trop fort, on ne peut pas faire sortir les enfants. Ils ont donc leur récréation dans le hall. Ils ont moins de place, et le bruit devient juste intolérable. Lorsqu'on les récupère après une telle récréation, la tension est palpable. Imagine quand il s'agit de la dernière récréation du dernier jour de la semaine ! Misère...

15h10, Mo attrape en passant un décor en carton réalisé pour la fête de l'école de juin dernier et... le déchire, sans faire exprès. Passons.

15h20, l'enseignante de CM2 attrape Sa avant qu'elle ne se jette sur Zozo pour le pulvériser : il l'a frappée dans le dos sans raison et à présent, elle est hors d'elle. Il faut cinq bonnes minutes pour que la jeune femme parvienne à la calmer. A l'issue de quoi, Sa vient me voir, à nouveau maîtresse d'elle-même et m'explique son problème. Je choppe Zozo et le colle sur une chaise.
A cet instant, la pluie baisse d'intensité : Tout le monde dehors pour prendre l'air quelques instants !
Dans la précipitation, Ad bouscule Mimi. Elle le pousse à son tour. Il lui donne une claque. Elle lui saute dessus et lui arrache son T-shirt, déchiré de haut en bas. Je ceinture Ad avant qu'il lui explique sa façon de penser et l'isole pour qu'il ait le temps de se calmer.

15h30, sur la cour, les CE2 attendent, plus ou moins rangés. Mimi pleure bruyamment. Je ne m'occupe pas d'elle : la classe est survoltée et commente l'événement à tout va ; je veux traiter cette situation avec toute le groupe. Nous avançons et j'entends dans mon dos Mo qui agit comme à son habitude en caïd des bas-fonds : "La prochaine fois, tu lui fous un coup de pieds dans la b*te, faut que ça saigne et..."
Il n'a pas le temps d'achever : je l'attrape par le col, reste en arrière avec lui et lui dis ma façon de penser. Il nie tout en bloc. C'est une habitude.

15h35, nous sommes en classe. Je parle aux enfants. J'explique ce qui s'est passé. J'indique que, bien évidemment, les parents seront mis au courant de ce qui s'est passé et que Mimi devra remplacer le T-shirt acheté par la mère d'Ad, qui ne lui a rien fait, à Mimi, non ?
J'évoque une nouvelle fois de la spirale de la violence, fais remarquer à Mar qu'on a ici un exemple type de ce dont on a parlé ensemble à 12h45... et fait un discours plein de fougue et de conviction sur la classe que nous devons construire, une classe de paix, de bienveillance, où il fait bon se retrouver, où on s'entraide, où on ne se moque pas... Mais que ça, on n'y arrive pas grâce à la maîtresse qui surveille bien, mais grâce aux enfants qui agissent ensemble dans ce sens.
Silence impressionné (j'aime à le penser).

15h50, je fais copier les devoirs pour la semaine suivante et préparer les cartables, comme au CP, avec la pile du matériel sur chaque table. On n'aura le temps de rien faire d'autre avant 16h15 !!!
Zozo ne sort pas son agenda. Zozo ne copie pas. Il sait qu'il ne quittera pas la classe tant qu'il n'aura pas obéi : il faut absolument qu'il comprenne qu'il ne sera pas le plus fort ici ! Il tente néanmoins de faire son sac en douce, laissant l'agenda dans sa case.

16h20 : Je vérifie à temps et constate qu'à aucun moment depuis la rentrée, Zozo n'a noté le travail donné à la bonne date ! Je le mets à la bonne page et le mets au travail tout en faisant sortir les autres. C'est le moment que choisit une ancienne mère d'élève pour venir me parler de sa fille, des affaires qu'elle voudrait récupérer, de la nouvelle maîtresse qui est tellement moins bien. "Mais là, je vous dérange, hein ?" Bah, oui, en fait !

Il faut absolument que je chope Madirlo pour lui parler d'Ad et son T-shirt, et surtout de Mo, qui n'est encore au courant de rien.
J'arrive à l'arracher aux quelques parents papoteurs (il y a réunion de rentrée pour les dernières classes ce soir). Elle me dit que la mère de Mo sait qu'elle doit le chercher elle-même ce soir et qu'on a à lui parler...

16h40, arrive le père de Mimi à qui j'explique l'affaire. Il est d'accord pour remplacer le vêtement et parler avec sa fille. Il me confie qu'ils ont déjà rencontré ce type de problème avec elle...

17h00, arrive la mère d'Ad. Rebelote. Elle est soulagée de savoir que ce n'est pas lui qui a initié la bagarre (euh... ouaih, si on veut). Je lui explique le coup des tors partagés - quand même - mais ne manque pas d'encourager son fils qui est très attachant et en profite pour toucher un mot des difficultés de lecture et d'écriture qu'il semble rencontrer : l'orthophonie, ce serait bien qu'il continue cette année...

17h45, je téléphone à Monfiston pour lui demander d'aller chercher sa soeur à l'école : vu comme ça s'annonce, je ne pense pas être à la maison avant... 18h30 ?

18h00, c'est la grand'mère de Zozo qui vient le chercher. Elle constate en vérifiant ses affaires (elle le connaît) que les devoirs ne sont pas notés pour la semaine prochain : AAARRRGGGHHH ! Je dois courir à droite à gauche pour trouver l'agenda de référence, copier ce qui manque vite fait tout en écoutant la mère-grand qui raconte sa vie et s'inquiète de son petit-fils (bah tiens !). Entre temps, la mère de Mo est arrivée à son tour et Madirlo lui parle en aparté pendant que son fils attend qu'on l'appelle.

18h10 : J'arrive à me libérer de la famille Zozo et rejoints Madirlo dans son bureau, avec Mo.
Elle dit à l'enfant qu'à partir de ce soir, il ne fait plus partie de Notrécole, parce que nous n'avons pas réussi à l'aider, qu'il a franchi trop de limites et que son contrat est resté sans effet. La mère pleure. Je la réconforte comme je peux, lui tends des mouchoirs pendant que Madirlo essaye d'expliquer à Mo qu'il a une bonne mère, qui s'occupe bien de lui. Qu'elle va être aidée par quelqu'un pour trouver un endroit où on saura le faire grandir dans le bon sens. Et qu'il faut qu'il saisisse sa chance dans ce nouvel endroit.

18h30, Madirlo me demande de faire la surveillance "à la porte bleue" pour l'aider : la personne dont c'est la charge habituelle est malade. Pendant notre rendez-vous, c'est une surveillante d'étude qui a opéré, mais elle devrait être partie depuis 30 min. OK. De toutes les façons, mes enfants se débrouillent à la maison... et ce soir dans Notrécole, c'est réunion de rentrée, je te rappelle... des élèves circulent encore, attendant leurs parents qui s'informent auprès des enseignantes.

19h00, les derniers s'en vont. Je téléphone à Mamoitié pour la tenir au courant des dernières nouvelles du front. Au fait, lundi, on a notre grande réunion de fin de RECHERCHE-ACTION sur le dire-lire-écrire et on ne s'est pas réparti les slides du diaporama ! Hop, voilà qui est fait !

19h30, on tape un bout de discute avec Madirlo et les deux instit. qui sortent de réunion... Oups ! Qu'il est tard !

19h45, j'arrive chez moi... euh... j'ai comme un coup de barre, là !

samedi 25 septembre 2010

Chronique d'une journée ordinaire - suite

10h40, la récréation s'est un peu prolongée : Madirlo m'interroge sur l'avenir de Mo... Doit-on vraiment poursuivre l'expérience, alors qu'il fait fi de son contrat dès les premières minutes ? Doit-on laisser Ham s'engloutir dans cette relation destructurante ? Doit-on laisser la classe se déliter davantage, alors que, vraisemblablement, Mo n'embraye pas, même quelques instants, dans une autre direction ?

Nous rentrons en classe. Obtenir le calme à cette fin prend déjà plusieurs minutes. J'envoie Zozo chercher son T-shirt, laissé sur la cour : on n'entre pas en classe en "marcel". Les minutes filent et il ne revient pas : il faut prévenir quelqu'un, savoir où il se trouve ; je ne peux pas laisser les autres...
Heureusement, il réapparait. Se rappeler de ne pas l'envoyer seul en "mission"...
Nouvelle colère de Al à qui j'ai encore refusé une faveur inopportune (je le fais exprès ?). Nouveaux ricanements de Zozo. Nouvel avertissement, tout en remettant fermement Zozo face à sa table.
Troisième victoire de la journée : à nouveau, Al prend sur lui et se joint à nous, participe au cours de conjugaison, reprend pied.

11h15 : Petit entraînement de conjugaison, puis synthèse écrite dans notre "cahier mémoire". C'est le moment que choisit Doudou pour s'effondrer. Je connais ses découragements. Je tente de le remettre en route, mais pour l'instant, la communication est impossible. Je repasserai plus tard pour une autre tentative. Doudou est orphelin de père et de mère. Il est gravement malade. Il porte lourd. On ne peut pas trop tirer sur la corde...

11h45, ça sonne, mais ne sortent que ceux qui se sont mis au travail suffisamment vite pour avoir fini leur copie. Les autres restent et terminent. Je négocie avec certains, pour qui l'écriture est un calvaire (dyslexiques...).
J'en profite pour avoir un entretien avec Mar : il a eu une altercation avant d'entrer en classe avec Jorja, l'a poussé dans les pissotières puis l'a tappé. Petit débriefing sur la situation, à froid. Je lui décris la spirale de la violence et cherche à lui apprendre comment la dégoupiller...

12h00, j'aperçois le "cahier mémoire" de Doudou, abandonné sur sa table : son propriétaire a filé sans demander son reste. Le cahier est lacéré : le protège-cahier est fichu, l'illustration de couverture qui se trouve en-dessous est déchirée et la leçon n'est pas copiée... Aïe ! J'appelle Doudou sur la cour. Il vient avec un air piteux, un gentil sourire et une tête d'ange.

Je prends le temps de parler en tête-à-tête avec lui : il m'avoue sa colère. Pas contre moi. Pas contre son cahier. Contre lui-même, parce qu'il n'a rien compris, parce que c'est trop dur...
Je lui réexplique toute la leçon du matin, avec des mots simples et imagés. C'est bon ? C'est bon. Et la leçon, tu peux la copier ? J'sais pas... Regarde : la première phrase, elle se termine là. Tu peux ? Oui. Et la seconde, ici ? Oui. Et l'exemple en-dessous ? J'sais pas. Bon, va pour les deux premières phrases, après c'est toi qui vois.
Il a copié sans soucis. La tempête était passée.

Il est 12h25, et je n'ai pas encore eu le temps de voir Monanciennemoitié, en visite pour le déjeuner...

12h30, repas en équipe, comme d'hab. On raconte nos guerres et nos victoires...

13h00, une surveillante de cour ouvre à la volée la porte de la salle des maîtres pour annoncer qu'il y a une violente bagarre qu'elle n'arrive pas à gérer. Devine... C'est Mo et un élève de CM2. Il faut s'y mettre à deux pour les séparer. Le temps de cantine a été infecte.

13h15, je conviens avec Madirlo qu'il faut statuer dans l'urgence sur le cas de Mo. Je prends donc sur le temps de soutien pour téléphoner à Mamoitié et avoir son avis sur la question. Puis interroger Notrepsy, qui a justement eu un entretien avec Mo le matin même.
Cette dernière est catégorique : cet enfant relève indubitablement d'un internat éducatif et elle s'étonne que les services sociaux l'aient orienté vers Notrécole. Justement, l'assistante sociale en charge de son cas doit passer à 14h pour faire le point avec Madirlo sur les enfants de Notrécole qu'elle suit.

14h00, je rencontre l'assistante sociale, à qui Madirlo a déjà exposé la situation. Je lui dis nos doutes, sachant qu'un contrat sur trois semaines avait été préparé : sommes-nous cohérents en l'excluant définitivement après une seule journée ? La séparation ne risque-t-elle pas d'être destructrice pour Mo ? Je transmets là les interrogations que je partage avec Mamoitié : nous sommes prêtes à en baver des ronds de chapeaux quelques jours encore, si c'est mieux pour Mo, pour préparer son départ...
L'assistante sociale m'arrête : Notrécole était une carte que les services sociaux ont jouée. Les résultats ne sont pas là et ce, dès le premier jour. Ce n'est donc pas la bonne adresse pour Mo, inutile de tergiverser. Mieux vaut agir vite, et qu'il perçoive nettement qu'il a rencontré un mur !
Soit.

Je ne suis pas encore rentrée en classe pour l'aprèm...
Les CE2 attendent en ordre dispersé devant la porte. Des disputes se forment, il faut agir vite avant que ça dégénère.
Suite demain.

vendredi 24 septembre 2010

Chronique d'une journée ordinaire

Arrivée à 8h15 : je suis responsable de l'accueil du matin, sur la cour, jusqu'à 8h30.

8h20, tout en surveillant les premiers arrivés, entretien avec la responsable d'internat de mes "petites". Ça semble aller plutôt bien, côté filles. Quelques rivalités habituelles, mais rien de grave. Le responsable garçon a l'air plus fatigué. Des remaniements dans les unités sont prévus pour la semaine suivante.

8h25, la mère d'Ann, malentendante, voudrait me parler pour que j'essaye une nouvelle fois le système VHF permettant à sa fille d'entendre ma voix directement dans ses appareils auditifs. C'est le troisième essai. Elle me rappelle que je dois éteindre l'appareil si je veux parler en aparté avec un élève puni, ou si je vais... aux toilettes pendant la récréation : être dans deux espaces différents n'empêche pas les ondes de circuler :o)

8h30, la cloche sonne. Je dois déjà agir avec la plus grande fermeté pour que les CE2 se mettent en rang. Il y a, dès le matin, des tentions entre plusieurs enfants : nous sommes vendredi, et l'internat est un système en vase clos...
Doudou vient me voir alors que j'attends que les élèves se rangent. Il m'annonce que quelqu'un lui a lancé un marron. Je lui demande qui ? Mais l'émotion de l'agression est déjà trop forte pour qu'il continue à me faire face. Sans répondre, il quitte le rang et va se réfugier entre les poubelles et les toilettes. Heureusement, Lamaîtressed'aide, qui avait proposé de passer une partie de la matinée en coanimation dans ma classe, gère la situation pendant que je fais avancer le rang.

8h35, nous entrons en classe et les rituels se mettent en place : appel, minute de silence, calcul mental, phrase de dictée guidée...
Tout ça demande beaucoup de temps, d'énergie, mais grâce à la présence de Lamaîtressed'aide, on avance tant bien que mal. Elle est ici pour veiller spécialement sur Mo, de retour d'une mise-à-pied de deux jours.
In peto, je me vois avec un tabouret dans une main, un fouet dans l'autre, et la peau de bête au travers de la poitrine.

[Aparté :
En concertation lundi matin, nous avions décidé que Mo allait faire l'objet d'une période probatoire : nous nous donnions trois semaines pour savoir si nous étions capables de le faire sortir de sa toute-puissance infantile. Il devait travailler en tête à tête l'après-midi même avec Lamaîtressed'aide, afin de déterminer sur quels points il allait porter son effort. Elle rédigerait avec lui un contrat de comportement, qui serait visé chaque fin de semaine par l'enseignante et signé par les parents.
Malheureusement, dès l'après-midi, il a été insupportable en classe et s'est vengé des remontrances de Mamoitié en se jettant, pieds en avant et à cinq reprises, sur la porte extérieure de la classe dans le but évident de la briser. Qui l'a suivi dans cette entreprise ? Zozo, bien sûr ! Et ils s'enfuyaient à toutes jambes quand Mamoitié essayait de trouver les coupables.
Quand elle a fini par les surprendre avant qu'ils ne se carapatent, Zozo a courbé l'échine, mais Mo s'est enfui. Mamoitié, changée en dragon cracheur de feu (très impressionnant !), l'a rattrapé et lui a demandé des explications. Il a tout nié en bloc et l'a traitée de menteuse. Lorsqu'elle a voulu qu'il la suive chez Madirlo, il s'est débattu, l'a griffée et pincée tout le long du trajet.

Dans Notrécole, quand un enfant est violent envers un adulte, la réponse est immédiate et sans appel : mise-à-pied de deux jours. C'est une limite infranchissable. Pas de négociation. Aussi, lorsque la mère est arrivée le mardi soir pour son rendez-vous avec Madirlo et toute l'équipe jour/nuit s'occupant de Mo, elle a été mise au courant de la période probatoire ET de l'exclusion provisoire prenant effet immédiatement : elle est repartie avec son fils !
Fin de l'aparté].

Ce vendredi matin, donc, Lamaîtressed'aide a pris le temps de relire son contrat avec Mo avant que les activités ne commencent. Puis elle est restée presque constamment à ses côtés pour le recentrer sur la tâche, discrètement mais fermement.

9h15, elle quitte la classe : un groupe d'élèves en difficulté en CE1 attendent qu'elle vienne s'occuper de lui.

9h17, je remarque que Mo a une feuille pliée en quatre dans les mains, à peine camouflée par la case : il s'agit d'un pétard. Correctement manipulée, d'un coup sec vers le bas, la feuille se déplie produisant une détonation. C'est un des jeux préférés de Mo : actionner ses munitions quand l'enseignante a le dos tourné, et inciter les autres à le suivre dans cette voie, afin de brouiller les pistes et d'asseoir son autorité de meneur. Je lui demande de mettre ses mains sur la table.
Ham, enfant fragile et instable, est fasciné par Mo. Je n'arrive pas à le mettre au travail. Il est sous son emprise et attend les ordres.

9h30, alors que j'ai déjà sollicité Mo plusieurs fois pour qu'il travaille, j'entends un claquement sec : un pétard a été actionné. Mo accuse immédiatement Ham, qui entre dans une fureur désespérée et clame son innocence. Ils ont tous les deux des munitions dans leur case. Je les emmène auprès de Madirlo pour qu'elle gère l'affaire. Ham hurle à la mort ; Mo arbore son air de victime offensée. Je prends le risque de laisser ma classe sans surveillance pendant 3 minutes, et reviens en courant ("Elle arrive !!!").

9h40, le cours reprend, l'ambiance est électrique. Al fait une colère parce que j'ai refusé d'accéder à une de ses demandes (jouer aux cartes, aider en maternelle, que sais-je... ça n'était pas le moment). Il commence à éparpiller ses affaires, à shooter dans son sac, à s'installer dans un rayonnage de l'étagère, en position foetale. Je décide que je ne peux plus perdre du temps à négocier : je le place en face de ses responsabilités, lui laissant le choix de pourrir la situation en poursuivant dans son caprice de 2 ans, ou de maîtriser sa colère, la mettre dans sa poche et reprendre les activités avec nous. Ca tombe bien : je viens de changer mon fusil d'épaule et fait faire à tous les enfants des exercices de relaxation. Bon sang, que ça fait du bien !
Al, dont je ne m'occupe plus, reviens parmis nous : 1ère victoire de la journée ! Il a réussi a s'arracher aux ricanements de Zozo qui vient se moquer jusque sous son nez, et à reprendre pieds dans son "métier d'élève".
Je profite de ce temps de rémissions pour une lecture plaisir que tous apprécient : c'est une seconde victoire ; un temps partagé, sans histoires, sans regards noirs, sans tentions...
Ca sonne !!!
Récré !
...
...
Je n'ai fait que le quart de la journée et suis déjà entamée.
On est vendredi et il n'est que 10h10.
La suite demain.