Ami Lecteur, me voici avec une histoire... comment dire... une histoire bien de chez nous. De chez Monécole, j'veux dire. Une dont on aurait du mal à trouver l'équivalent ailleurs...
Une qui n'arrive
qu'à nous, quoi...
Bon, j'arrête de tourner autour du pot et je raconte.
Ca se passe mercredi soir.
Les internes sont montés et les filles prennent leur douche.
Il y a de la circulation, les unes se lavent, les autres se préparent, d'autres regagnent leur chambre, enroulées dans leur serviette.
Dia est dans le groupe des "Grandes". Elle est en CE2. C'est une enfant
TRES compliquée,
TRES conflictuelle, qui a du mal à entrer en relation paisiblement avec les adultes comme avec les enfants.
Elle a réussi à user plus d'une enseignante. A l'internat, ils ont choisi, après plusieurs semaines de guerre ouverte, de la mettre dans une chambre seule : ça se passe mieux...
Et voilà que Dia revient de sa douche. Elle trouve que ça sent mauvais, dans sa chambre. Par terre, son gilet neuf. Elle le ramasse et se recule en criant : sous le vêtement, une belle m*rde fraiche ! Le drap du lit est également souillé.
Elle part en hurlant. Tout le groupe de filles se rassemblent pour voir. Tout le monde hurle. Belle ambiance, que les monitrices de nuit ont toutes les peines du monde à calmer.
Une chose est sûre : quelqu'un a voulu emm*rder Dia. Seulement le sens figuré semble absent de sa psychologie : c'est au sens propre que ça s'est fait !
Dia est évidemment très secouée : elle vit une véritable agression. L'ensemble des adultes est atterré.
Le lendemain matin, l'équipe enseignante est mise au courant. Consternation générale. On se souvient que l'an passé, le dernier jour de suppléance d'une enseignante en CM1, on avait également trouvé de la m*rde dans la classe !!! C'était une veille de vacances. La maîtresse titulaire, à son retour, et après que deux semaines de congé se soient écoulées, n'avait pas pu résoudre le mystère. Glissons mortels.
Madirlo, sur le grill, mène l'enquête.
Après recoupement, cinq "Grandes" de CM2 sont sorties du lot. Elles admettent que ça ne peut pas être les garçons. Que ça ne peut pas être les "Petites". Ni les "Moyennes". Parmi les "Grandes", certaines sont absentes, d'autres étaient encore sous la douche... Ca ne peut donc qu'être l'une d'elles. Mais laquelle ?
Nous sommes jeudi : on a deux jours pour trouver l'emm*rdeuse. L'équipe décide de les séparer et de les isoler pour les laisser réfléchir chacune devant une feuille de papier. L'accent est mis sur l'impératif absolu de connaître la coupable afin de pouvoir l'aider : les faits sont trop étranges, extrêmes, graves pour laisser son auteur seul face à son forfait...
La journée passe. Les soupçons pèsent de plus en plus fortement sur Mir, arrivée dans Monécole l'an passé. Une jeune-fille très fragile, dont la famille est si déjantée qu'en plus de l'internat, il a fallu placer d'urgence l'enfant le week-end en famille d'accueil.
Madirlo continue d'interroger les "Grandes" jusqu'à 22h ; pour être sûre ; pour ne pas commettre d'injustice.
Finalement, ce matin, elles ne sont plus que deux hors de leur classe : Lan,
que tu as connu ici (puis dans mon obscure
histoire de clé...) et Mir...
Lan est hors d'elle. Elle vit une pure injustice et le fait savoir haut et fort à Mir, l'enjoignant de dire la vérité à Madirlo.
Toutes deux seules, Mir lui a dit qu'en effet, elle avait mis de la m*rde dans la classe de CM1 l'an passé. Que c'était elle qui avait aussi tartiné les murs des toilettes pendant le voyage de classe la même année
(oups ! nous on avait oublié cette affaire là !!!), et qu'elle avait aussi été à l'initiative de cette agression ce mercredi-là. Mais que ça, elle ne l'avouera jamais : c'est trop dur. C'est compromettre trop profondément son image déjà si fragile...
Et en effet, devant Madirlo, elle reconnait tout sauf... l'emm*rdement de Dia !
Ce soir, Madirlo et son enseignante l'ont mise au courant de la suite des événements :
1/ Nous savons que c'est elle et personne d'autre qui a commis cet acte
barbare.
2/ Nous avons décidé qu'elle viendrait à l'école la semaine prochaine, mais serait "stockée" au secrétariat trois jours, sans pouvoir participer aux ateliers de la "semaine sans cartable". La fin de semaine sera ordinaire et elle regagnera classe et ateliers.*
3/ Nous allons tout faire pour l'aider à sortir de cette affaire, à grandir, à se reconstruire. A nous de préparer l'avenir pour que le collège qui va l'accueillir l'an prochain soit préparé à l'aider, à la guider et à la soutenir...
Y'a du boulot, ma bonne dame !
Mais moi, si fière de la façon dont Lan a grandi et s'est apaisée depuis le CE2, je suis drôlement contente qu'elle ne soit pour rien dans cette sombre histoire. Mieux, qu'elle ait aidé l'équipe à avancer vers la vérité...
:o)
*évidemment, Mir est une enfant qu'on ne peut pas "exclure" pour trois jours, histoire de marquer le coup : sa famille n'est pas habilitée à la recevoir (heureusement !), et la famille d'accueil ne peut la prendre que le week-end (en semaine, ils reçoivent d'autres enfants...).